Journée de l'autisme et réponse à une question qu'on me pose souvent
J’ai envie de répondre à une question qu’on me pose régulièrement. « Comment tu fais pour tenir le coup ? ». Et comme c’est la journée de l’autisme, c’est le bon moment pour y répondre.
Oui j’ai un enfant autiste, oui mon homme s’absente souvent vu qu’il est militaire, oui ma famille et mes amis sont à 800km de chez moi, oui mon fils de 4 ans ne fait toujours pas ses nuits et peut passer des nuits blanches sans problème, oui il n'est pas propre, oui il a un tas de rituels qu'on doit suivre à la lettre chaque jour sous peine de déclancher une "crise", oui il me prend une bonne partie de mon temps, oui je ne peux pas bosser à l’extérieur pour lui, je n’ai pas de permis, on ne peut pas sortir où l’on veut, on ne peut pas faire de sortie en amoureux, oui on vit au rythme de notre fils, oui il a des allergies, ma fille aussi d’ailleurs, oui, oui, oui… et j’en passe…
Comment je tiens ? Tout d’abord, simplement grâce à l’amour de mon homme, mes enfants, notre entourage… Mais aussi parce que je fais un gros travail sur moi-même.
J’ai appris la « positive et zen attitude ». Et croyez-le ou non, mais ça m’aide chaque jour qui passe. Je prends du recule, je relativise, je reste zen, j’essaie de ne pas me laisser envahir de mauvaises ondes et je me dis toujours qu’il y a pire que nous ailleurs. Alors oui, il m’arrive de craquer, de pleurer un bon coup, histoire de relâcher la pression. Mais ça ne dure que quelques minutes et ensuite, je repars du bon pied. Je ne suis pas Wonder woman. Je suis une maman, comme les autres, qui s’adapte à la situation. Pour vous donner un petit exemple marrant, je vais nous comparer, nous, parents d’enfants autistes, à des moustiques. Oui oui des moustiques ^_^
Vous savez, un moustique, à force de le bombarder d’insecticide, il finit par s’immuniser et s’adapter à son nouvel environnement. Il s’endurcit. Ben nous nous sommes pareils. Plus on prend des coups, plus on nous en envoi dans la figure, plus la situation est difficile, plus on s’endurcit, plus on s’adapte et on relativise… Ce n’est pas le cas de tous les parents dans ma situation, je généralise hein. Mais en principe, on se découvre des ressources très bien cachées au fond de nous, dont on ignorait l’existence.
J’ai une chance insolente d’avoir notre famille et nos amis, qui nous soutiennent quoi qu’il arrive. Même s'ils sont loin, ils sont toujours là. Un petit texto, un coup de fil ou encore un lien sur ma page Facebook, pour me dire « regardes cette émission ou cet article, ça parle de l’autisme. Change vite de chaine à la télé, y’a un reportage. Etc… » Ou alors comme aujourd’hui, journée mondiale de l’autisme, ou ils se mettent tous au couleur de cette belle journée, le bleu. Je reçois des photos des copines, amis et famille, avec cette petite touche de bleu qui illumine ma journée et celle de mon Sasha.
Tout le monde n’a pas cette chance malheureusement…. Mais c’est grâce à tous ces petits gestes, ces petites attentions que je tiens <3
J’aime ma vie, je n’échangerai ma place pour rien au monde. Mon fils c’est ma boule de bonheur, malgré les difficultés. « Grâce » à son handicap et ses allergies, j’ai rencontré des personnes géniales qui sont devenues des amies. J’ai pu aider des mamans qui malheureusement, sont dans notre cas, mais ne le savaient pas encore, j’ai appris la patience, à voir la vie autrement… Non vraiment, je l’aime ma vie <3
J’ai aussi la chance, une immense chance, d’avoir un homme en or. Un papa qui est formidable avec ses enfants, qui fait tout pour nous. Il déplacerait des montagnes pour ses amours. Heureusement qu’il est là
Alors oui, notre vie serait peut-être plus douce si Sasha n’était pas autiste, on vivrait différement. Mais finalement, qu’est ce qui me prouve que cette vie serait meilleure ? Je n’ai même pas envie de le savoir en fait. Ma vie est ce qu’elle est…
Bref, vous l’aurez compris, je vais bien, je prends les choses comme elles viennent. On se bat au quotidien pour notre fils, comme le ferait n’importe quel parent.
Si je m’arrêtais à chaque fois sur le négatif, je n’avancerais plus, je m’enfoncerais. Plutôt que de voir le négatif, je préfère mettre le doigt sur le positif, aussi minime qu’il peut être.
Peut être que les gens s’imaginent que ce n’est qu’une façade de moi que je montre pour enjoliver la vérité, mais non, je suis bien comme ça dans la vie de tous les jours. Comme je l’ai dit plus haut, je pleure aussi, des fois je cris ou je râle, mais ça ne dure jamais bien longtemps. Mais je ne suis pas un robot, j’ai moi aussi des faiblesses, comme tout le monde. Mais je les surmonte, grâce à tout ce que j’ai décrit plus haut.
Merci à tous ceux qui sont présents pour nous, pour Sasha, amis, familles, copains, connaissances… Merci d’être là quoi qu’il arrive. Merci le ciel de m’avoir envoyé ce petit être « différent » mais qui nous apporte tant. Merci le destin d’avoir mit tous ces anges sur notre route. Merci la vie <3